Dans son premier roman, le lorientais Joseph Ponthus va « à la ligne. »
Physiquement, en étant ouvrier à la chaîne dans les conserveries de poisson et les abattoirs bretons. Et en écrivant, jour après jour, sans ponctuation, ligne après ligne, ce long poème en prose qui nous conte le quotidien de l’usine : épuisant, bruyant, répétitif et abrutissant, mais aussi noble, fraternel, nécessaire.

Par la magie de son écriture lumineuse, la vie ouvrière devient une odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de chimères (ce sont des poissons vivant dans les abysses) comme autant de cyclopes et monstres marins.

Nous souhaitons rendre la "paradoxale beauté" (selon Ponthus) de cette vie en usine qui nous concerne tous, car nous portons sur nos corps, ingérons et manipulons quotidiennement des aliments et objets transformés, empaquetés ou fabriqués par des ouvriers anonymes.

Joseph Ponthus leur donne une voix, une existence, une réalité palpable avec ses phrases écrites comme des uppercuts. Ce sera un spectacle itinérant, un décor léger, avec pour seuls outils notre corps et notre parole, pour jouer partout.

Car l'usine est partout.

Katja Hunsinger, septembre 2020