lundi 6 février 2023 | 11:00 |
samedi 11 février 2023 | 13:30 |
Avec l’Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, l’Art déco séduit le monde. De New York à Paris, la presse célèbre cet événement qui impose durablement ce style universel. Une délégation américaine de 104 membres y est envoyée par le secrétariat d'Etat au commerce pour observer ce "nouveau style" résolument moderne. Parallèlement, la France confie une mission diplomatique à l'Art déco, en revendique la paternité et veille à sa diffusion. Les années 20 sont ainsi marquées par les aller-retours : les architectes français qui construisent sur le continent américain sont de plus en plus nombreux (Paul Cret et Jacques Greber à Philadelphie, Jacques Carlu au MIT...). Traversant l’Atlantique à bord de fastueux paquebots tels Île-de-France et Normandie, de grands décorateurs français comme Jacques-Émile Ruhlmann, Jules Leleu, André Mare, Jean Dunand et Pierre Chareau exposent dans les grands magasins, de New York à Philadelphie. Du Mexique au Canada, cet engouement est porté par des architectes nord-américains formés à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris dès le début du 20e siècle, puis à l’Art Training Center de Meudon et à la Fontainebleau School of Fine Arts, deux écoles d’art fondées au lendemain d’une Première guerre mondiale qui a renforcé les liens entre les deux continents. L’Amérique de Raymond Hood et de Wallace K. Harrison, auteurs du Rockefeller Center, adopte les architectes et artistes français Léon Arnal, Jacques Carlu, Paul Cret, Alfred Janniot, Edgar Brandt, fondateur de la marque et concepteur en 1922 du bruloir de la tombe du Soldat-inconnu. L’émulation réciproque s’illustre aussi bien dans l’architecture et l’ornementation des gratte-ciel que dans le cinéma, la mode, la presse, le sport et l’art de vivre. Le nouveau style est porté par des figures telles que Paul Iribe et Cecil B. DeMille, Jean Patou et Paul Poiret, Lindbergh, Costes et Bellonte, Joséphine Baker ou Johnny Weissmuller. Des liens uniques unissent la France et l’Amérique, depuis Liberty enlightening the world de Bartholdi jusqu’au Streamline qui succède à l’Art déco. Ce nouveau design aux lignes fluides et galbées surgit dans les années 1930 et sera la vedette de la New York World Fair de 1939, qui a pour thème « The World of Tomorrow ».
L’exposition explore l’Art déco par le récit des échanges intellectuels et artistiques transatlantiques, de la fin du 19ème siècle aux années 30.
Comment le style français « Art déco » a-t-il influencé l'architecture, les décors, le mode de vie et le goût des Nord-Américains ? Style populaire, caractérisé notamment par un travail de la ligne, de l'ornementation, des arrondis ou des motifs floraux, l'Art déco va voyager de la France vers l'Amérique du Nord dans un dialogue dynamique, porté en particulier par les architectes.
Dès les deux dernières décennies du 19ème siècle, l'Ecole des Beaux-arts de Paris forme 104 architectes américains ou canadiens. Venue trouver dans la formation française l'art de la composition et de l'ornementation, cette "Internationale des Beaux-Arts" offre les fondements des échanges à venir entre France, Etats-Unis & Canada. De retour en Amérique, ces architectes construisent et meublent des buildings Art déco dans les métropoles américaines.
Mère de tous les arts, l'architecture entraîne des évolutions stylistiques dans de nombreuses professions : peintres, sculpteurs, ensemblier, ferronniers, muralistes qui font corps avec les bâtiments et accompagnent en la sublimant cette nouvelle architecture. A leur suite, la mode, la joaillerie et les arts de la table s'inspirent de ce nouveau style dont les lignes simples et fluides contrastent avec la période précédente de l'Art nouveau. Cette dynamique se brise sur la crise économique de 1929, les architectes français rentrent en France. En 1934, Jacques Carlu se voit confier le projet du palais de Chaillot en s'appuyant sur ses souvenirs américains. Les travaux font naître un nouveau bâtiment, l'architecte articule son projet autour de la création d'une esplanade et d'une percée grandiose sur la ville et la Tour Eiffel, encadrée par un bâtiment aux proportions américaines : l'Art déco a retraversé l'Atlantique.
Avec un parcours inédit, s'intéressant à l'architecture, mais aussi à l'ensemble de la vie culturelle et artistique de cette période foisonnante, l'exposition se fait le reflet du dialogue incessant de ces années entre la France et l'Amérique autour du style Art déco.