KAPR CODE
Un « opéra-documentaire » de Lucie Králová,sur le compositeur tchèque Jan Kpar, sur un livret de Jiří Adámek et une composition musicale de Petra Šuško interprétée par le Choeur Philharmonique de Brno dirigé par Petr Fiala, avec les musiques et les archives filmées de Jan Kapr.
Une production DOCUfilm Praha, Mindset Pictures, VIRUSfilm, Czech Television, Magic Lab – République Tchèque, Slovaquie, 2022.
Ce beau sourire, son espièglerie, son goût des blagues, ne le prédestinaient pas à devenir un Prix Staline, la plus haute distinction culturelle en URSS. Non. Jan Kapr voulait être sportif. Un accident l’en a dissuadé.
Devenu compositeur officiel du régime, il avait souhaité que chacune de ses notes «respire le socialisme». Le régime lui-même l’en a découragé. Un mal pour un bien ! Lui qui s’était promis, suite à son accident, de devenir le meilleur en tout, il a entamé un virage musical à 90 degrés, se lançant dans des recherches acoustiques qui le feront entrer de plain-pied dans la musique contemporaine, tout en devenant dissident dans son propre pays.
Ce sont ces différents volets de sa personnalité, la complexité et l’ambivalence du personnage que KAPR CODE tente de déchiffrer, comme on déchiffrerait un code inconnu. Qui était Jan Kapr, ce nom effacé de la mémoire officielle ? La réalisatrice Lucie Králová a imaginé, avec le metteur en scène de théâtre expérimental et librettiste Jiří Adámek et la compositrice Petra Šuško, un langage filmique et musical spécifique : un « opéra documentaire » divisé en plusieurs actes, qui traverse la vie du compositeur de manière jubilatoire, à travers ses propres films amateurs, ses bandes magnétiques, des archives officielles, des photos, des lettres, ses compositions. Les décors du passé et du présent se répondent, notamment le lac et le chalet dans lesquels Jan Kapr avait bâti son paradis alternatif. L’eau, l’élément où il se sentait le mieux, sans handicap, sans apparatchiks, est omniprésente. Kapr veut dire carpe en tchèque, mais on pourrait aussi l’appeler le compositeur-sirène tant son plaisir dans l’élément liquide est manifeste. L’image est montée avec la musique dans un rapport très dynamique. Les répétitions de l’opéra rythment le fil chronologique comme un contrepoint. Le chef de chœur, Petr Fiala, dernier élève vivant de Kapr, réprimande les jeunes chanteurs qui ne saisissent pas la dureté des sons de l’époque soviétique. Lucie Králová parle à propos de ce film de « composition infinie », tant les musiques, lettres ou films personnels de Kapr, tous des fragments de mémoire qu’il avait lui-même orchestrés de son vivant, nous dévoilent constamment de nouveaux tiroirs de son passé.
Durée : 91 min
Mardi 23 septembre 2025 à 20h
La séance sera suivie d’un débat orchestré par Eric de Visscher, musicologue, commissaire d’expositions, membre de SensoProjekt, avec le compositeur tchèque Kryštof Mařatka