Agnès Gayraud a quitté Tarbes depuis longtemps. Elle s’est muée ailleurs, dans les grandes villes, se changeant, de nuit, en Féline gracile, de jour, en théoricienne rafffinée. Mais on remporte tous et toutes ce quelque part d’où l’on vient, et ces morceaux de nous, ces bouts de pays qu’on laisse en friche sont parfois la proie mystérieuse de nos aspirations.
Empêchée, durant plusieurs mois, par la menace virale, de revenir dans sa ville, c’est d’abord sur son petit orgue de salon Electone qu’Agnès s’en est retournée au Pays. Lentement mais sûrement, l’astreinte de ces heures creuses et propices au do it yourself l’a menée jusqu’au pied des Pyrénées. Une boîte à rythme, sa basse et sa guitare : elle a rouvert le sourire à sa bouche de jeune fille afin d’en laisser échapper les mots.
Treize titres et autant d’aventures, Tarbes forme un concept-album des plus troublants qui relate les années d’apprentissage d’une jeune femme dans sa ville natale. Sur trois chansons de cet album, « Tarbes », « Jeanne d’Albret » et « Fum » d’après un poème en langue d’oc de Louisa Paulin (1888-1944), elle a convié les jeunes chanteurs du Conservatoire Henri Duparc.
C’est ainsi que 25 enfants de LA MAÎTRISE DE GARCONS DE COLMAR interprèteront ces titres sur la scène du Grillen après les avoir mis en scène et répété en présence d’Agnès Gayraud. Par cette intervention, ils investissent ainsi ce concert du souffle émouvant de leur propre adolescence.