Le collectif montpelliérain Mœbius revient à l’Usine autour de deux temps forts : la diffusion de Justine, forme longue au plateau, et la création de Justine Morcelée, forme brute jouée dans les collèges, qui s’inscrit dans le cadre des projets d’éducation artistique et culturelle. Deux volets d’un diptyque autour du thème du harcèlement en milieu scolaire.

« C’est le propre des phénomènes de boucs émissaires de créer les mythes, et c’est la connaissance et la compréhension des faits qui les démontent et fait reculer la violence.»
René Girard, anthropologue français

Justine est une jeune fille perdue entre ses rêves et une réalité de moins en moins supportable. Est-elle victime des autres, victime d’elle-même ? À travers la mécanique de son propre cauchemar, d’autres questions surgissent : en quoi, la plus petite violence, banale et quotidienne, contient en elle-même la possibilité du tragique ? Et comment, nous qui regardons, participons-nous à cette violence ? 

C’est à travers le point de vue de l’exclue que le collectif travaille l’ambiguïté des rapports entre victimisation et domination. Le spectacle Justine plonge le spectateur dans l’univers mental de cette jeune fille. Chaque situation concrète qui dégénère est un basculement qui raconte les mutations d’une adolescente qui se vit comme victime perpétuelle des autres. 

La forme brute de Justine Morcelée apporte un autre éclairage. Un matin, Justine n’est plus là, elle a disparu. Elle devient un mythe, une légende qui inquiète, une histoire qui dérange. À travers trois soli indépendants joués en même temps, le mystère de sa disparition est entendu de façon multiple et partielle. Une enquête noire et hallucinée où les protagonistes se mettent à nu face à la violence, et où le spectateur entre dans la complexité des mécanismes qui la provoque.

Mœbius
Mœbius est un collectif d’acteurs issu du Conservatoire de Montpellier. Ils articulent leur travail autour de trois axes : la tragédie, l’héritage et leur génération. S’inscrivant dans la création contemporaine, leurs spectacles reposent sur l’écriture collective et l’expérimentation au plateau. Le collectif est pour eux un espace de revendication en tant que structure de liberté et de création et un espace de recherche constant et protéiforme. Depuis 2014, le collectif s’est engagé dans une recherche sur le bouc émissaire en s’immergeant régulièrement dans les collèges. Ateliers, interviews et happenings ont nourri une recherche sur l’exclusion et la violence relationnelle.

écriture collective conception et mise en scène Charlotte Daquet avec Marie Vauzelle, Marie Vires, Christophe Gaultier  regard extérieur Jonathan Moussalli création lumières Yann Loric
création son José Amerveil