« Le point de départ de Noisy Channels, c’est un conflit non résolu dans une précédente pièce de groupe, Maps (2017). Alors que nous travaillions avec des motifs rythmiques apparemment simples, il y avait parmi nous une controverse sur la manière de compter les pas. La moitié des danseurs comptaient le « un » sur le beat, à la manière des musiciens classiques, et l’autre moitié sur le up-beat, à la manière des musiciens de jazz.
Cette situation paradoxale nous a mis face à divers problèmes intéressants pour le mouvement, des questions d’espace et de temps, d’intervalles et de bornes, de principes continus ou discontinus, d’identités rythmiques, etc. Elle nous a surtout mis en contact avec un désir: celui de tenter de suspendre un moment la loi du tiers exclu, et de travailler à la coexistence de ces systèmes de comptage apparemment incompatibles. Autrement dit d’essayer d’accueillir un système étranger.
La mécanique des paradoxes c’est d’aller contre le sens commun, de mettre au jour la complexité du réel, de nous donner l’expérience de la limite de ce que nous sommes capables de concevoir et d’ouvrir la possibilité d’une exploration nouvelle.
Il faut aussi, pour cela, l’énigme d’un espace ; après une première forme créée pour la scène exiguë de La Pop, nous mettons de nouveau en jeu cet effort de réconciliation sur la scène singulière du OFF. Comme une invitation à habiter le tiers inclus.»