Vous avez renoncé à l’amour et moi aussi ; et votre amitié me tiendra lieu de tout, si vous êtes sensible à la mienne
Michel Deguy, poète et essayiste, résume de manière lumineuse tout le théâtre de Marivaux par le biais d’une anagramme : « Le marivaudage mène au mariage des rivaux ». Le but ultime est le mariage, en dépit des mesures que prennent parfois les personnages eux-mêmes pour s’y soustraire.
Dans La seconde surprise de l’amour représentée pour la première fois en 1727, une belle marquise, veuve et inconsolable, a perdu celui qu’elle aimait, tout juste un mois après l’avoir épousé. Bien que retirée du monde, elle côtoie, au nombre des amis de son ancien époux, un chevalier accablé qui de son côté pleure une alliance impossible avec sa bien aimée. Au terme de maintes tergiversations, ces deux-là finiront, on le devine, par se trouver.
Mais comment faire pour observer et trahir en même temps les règles auxquelles il.elle ont concédé ? Comme souvent chez Marivaux, les sentiments sont indissociables des « manières de dire » et c’est par le langage que le salut advient. Quarante ans après La Double inconstance, Alain Françon, dirige de main de maître, cette plongée dans les méandres du sentiment amoureux, au cœur d’une splendide distribution.