Traduction, adaptation et interprétation : Martine Chifflot-Comazzi
Musique et instruments : Béatrice Berne
La force poétique et dramatique des Psaumes est indéniable. Parfaitement conservés, Ils figurent parmi les premiers et les plus beaux textes de la poésie lyrique, celle qu’accompagne la musique vivifiante et apaisante du psaltérion, nonobstant les alarmes du shofar. Tels des fleuves d’eau vive, puissants et salvateurs, ces poèmes de louanges ou de contrition suivent les méandres de l’existence humaine et de la vie terrestre. Comme si elle émanait du désert de Judée, la voix du psalmiste s’élève, exprimant la dureté désertique ou les rémissions du soir.
Choisir parmi ces 150 joyaux, répartis sur 5 livres judicieusement composés, a constitué la plus ardue des taches car notre désir aurait été de tout honorer par la musique et la parole. Il a donc fallu choisir, parmi ces bijoux, un parcours restituant le trajet subtil de l’œuvre et les stades de la progression vers la victoire sur le mal car c’est le projet profond de ces poèmes, qui, de la supplication à la louange, constatent la désolation pour en conjurer la perversité et nous immerger finalement dans l’allégresse confiante, dans les chants de délivrance. Si la terre promise est à venir, elle est aussi déjà là, dans le plus profond du for intérieur.
C’est l’espérance qui culmine au cœur de ces psaumes réconfortants et c’est sur l’espérance et la réjouissance que nous avons bâti ce projet spectaculaire porté à son acmé par la musique. Il fallait, en effet, que la musique sublimât la parole sans la subordonner, c’est pourquoi nous avons préféré la diction à la chanson – pour faire entendre pleinement les mots sacrés, dont la traduction ne transmet qu’une partie du sens, d’où le choix d’inclure par moments les accents du texte original et de recourir à des nappes sonores enveloppantes, suggestives des mondes anciens et du cosmos initial tandis que la voix s’élève parfois pour amorcer brièvement un refrain.
Le spectateur sera transporté, grâce à ces inventions sonores, dans un espace extraordinaire, contractant le passé lointain et le futur radieux au gré des salves libératrices de la musique et de la récurrence psalmodique jubilatoire. La théâtralisation des textes nous conduit ici dans le registre du théâtre musical, qui donne chair à l’écriture et la dynamise.