"Dans ma civilisation, on pense encore que pour parler des catastrophes il suffit de communiquer dessus, et que pour qu’il n’y en ait pas, on n’en parle pas. C’est de là que je viens. Toi aussi ?

J’ai tenté de parler d’une catastrophe qui ne dit pas son nom, et de la faire advenir, là. Entre toi et moi sans catastropher la relation.

J’ai tenté de nous placer dans un entre-deux. Au lieu même où on est pris de vertige. Dans cet entre-deux. Pour tenter d’en saisir les battements et le reste à vivre."

 

Ainsi Claire Dutrait conclut-elle son essai d’écopoétique Vivre en arsenic. Dans l’entre-deux d’une « catastrophe qui ne dit pas son nom », ces réflexions dessinent les territoires pollués comme seuils : comment les comprendre ? comment les raconter ? comment les transformer ? comment les encadrer légalement ? Entre seuils géographiques, seuils matériels et seuils temporels, ils questionnent nos héritages politiques et matériels, la difficulté à « mesurer » la pollution ainsi que le flou sémantique et géographique autour des « zones polluées ».

Dans cette quatrième séance du cycle de séminaires Seuils in(ter)disciplinaires, Joëlle Zask, Claire Dutrait et Camille Morel proposeront un regard in(ter)disciplinaire et « indiscipliné » sur les moyens de penser, raconter ou agir sur la catastrophe écologique. Mêlant poésie et recherche, Claire Dutrait explore des moyens créatifs pour transmettre les récits des territoires pollués. À travers la philosophie, Joëlle Zask réfléchit aux liens entre écologie, art et démocratie. Enfin, au sein de son travail au Vivalp, Camille Morel agit quant à elle comme intermédiaire entre écologues et société civile.

À travers une table ronde et une lecture de Vivre en arsenic, ce séminaire à la frontière entre action, création et théorie, questionnera les seuils écologiques, disciplinaires et relationnels qui nous environnent. Croisant littérature, art, urbanisme, écologie et philosophie, il explorera des méthodes « indisciplinaires » qui naissent dans la multiplicité des expériences et des imaginaires collectifs, ainsi que dans la perte de repères face à la « catastrophe ».