Le Feu, publié par Henri Barbusse en 1916, couronné par le prix Goncourt, a été un immense succès de librairie.

Roman fondé sur l’expérience combattante de son auteur, il est depuis considéré comme une rupture dans l’histoire des livres de guerre, en opposition avec les récits complaisants et absurdes qui avaient été diffusés depuis le début de la Grande Guerre.

Il devient dans l’entre-deux-guerres un plaidoyer pacifiste mondialement célèbre. Mais Le Feu a été très sévèrement jugé par Jean Norton Cru, un ancien poilu qui avait entrepris d’analyser tous les ouvrages publiés sur le conflit, dans un livre-monument, Témoins, publié en 1929. Depuis, le renouveau de la mémoire de 14-18 a permis de découvrir de remarquables témoignages, rédigés par des combattants qui, comme Barbusse, furent présents sur le front d’Artois. Le livre d’Yves Le Maner permet de découvrir les éléments les plus intéressants de ces publications, d’accès souvent difficile.

L’auteur, à partir d’une analyse approfondie des sources d’archives militaires confrontées aux témoignages des soldats, livre aussi un récit inédit des combats de la Troisième bataille d’Artois de septembre 1915, devant Souchez, l’une de ces offensives meurtrières et inutiles menées par l’armée française lors des trois premières années du conflit. Il présente aussi un corpus d’illustrations qui se constitue dès 1915 pour tenter de représenter la violence des combats pour les hommes et les paysages, dans le cadre d’une guerre abondamment couverte par la photographie.

Rémy Cazals