UN MONDE EN CLAIR-OBSCUR
Imarhan, à l’ombre d’Aboogi
Des syncopes mélodieuses à la litanie lancinante des notes, en passant par les psalmodies des mots prononcés avec lenteur, tout contribue dans le nouvel album d’Imarhan à un calme de velours. L’aura sereine de la maturité, de l’acceptation du destin se propage. À s’y méprendre, on oublierait presque que, derrière la douceur des accords, se cache une réalité acerbe, celle vécue par les touaregs de l’extrême sud de l’Algérie et véhiculée par les mots d’Imarhan
Aboogi est un album où se mêlent langues, cultures, rêves, histoires et espoirs. S’y distille une oscillation musicale, un mouvement pendulaire entre euphorie rythmique et douce balade atemporelle. Les tessitures sonores plus introverties de ce troisième album tendent à privilégier subtilement l’alchimie des instruments acoustiques sans pour autant négliger la qualité de la production discographique.
Orpailleur des temps modernes, Imarhan redonne à la ville de Tam ce qu’elle lui a offert et fait briller les pépites de la culture tamasheq grâce à une énergie vibrante qui transcende le passé de l’errance, de l’exil, les souffrances de l’humiliation et consacre, avec confiance, sa place sur la mappemonde de la créativité musicale.