Le Pont De Singe, 7 Rue Emile Legrelle, Arras, France
"Solitoudinnée" (titre provisoire, bizarre mais explicite... non ?) Seul en scène tragicomique inspiré du roman "La valse des timides" du même auteur (mais pas encore sorti)
Pourquoi écrire encore un seul en scène alors qu'il y a tellement à dire et de plaisir à prendre dans les créations collectives ? Parce que la solitude c'est la liberté du ton, du rythme, c'est ne rendre de comptes à personne, si ce n'est au public et à sa propre dignité. Le solo, c'est la garantie de faire vraiment ce qu'on veut, de mettre en forme l'intime.
Mais quel enfer cette solitude ! Ces doutes, ces questions qu'on pose au miroir et qui vous renvoie les mêmes questions. Quel con ce miroir ! La folie n'est jamais loin quand votre propre voix se répond à elle-même pour se répondre à elle-même pour...chut tais toi ! Pour ne pas devenir un ermite fou, rien de tel que le collectif !
Ah le collectif ! C'est l'échange, la complémentarité, l'assurance de ne pas s'enfermer aveuglément sur une piste, un partage des émotions, des bides et des joies. Le collectif ouvre les oeillères de chacun, explore de plus grands espaces nourris de plus nombreuses névroses, boostés par des désirs variés.Et puis cette confrontation aux autres qui confronte son Moi au Monde et vice versa c'est la vraie vie, celle qui fait la société et l'identité d'un individu. On ne se construit le Je que dans le Nous.
Mais le groupe, quel effroi ! C'est l'obligation de se soumettre à des conventions collectives qu'on trouve stupides, c'est accepter de ralentir pour attendre et se voir dépasser par des plus fous que soi. La petite vieille qui pose sa valise juste à la sortie du train, mmmm ; la famille qui se colle au tapis roulant des bagages d’Orly, grrrrr ; l’équipe d’accueil d’un centre culturel qui n’a pas bien lu la fiche technique, aargg...mais je m’égare.
C’est la négociation permanente pour tout et rien et devoir supporter que les autres ne comprennent pas ce qu'il y a dans votre tête puisqu'ils n'y sont pas, tout occupés à être dans les leurs. Quel ennui ces névroses qui s'affrontent, ces angoisses qui se piétinent, ces capoieras maladroites de solitudes identiques.
Cette solitude qui nous jette, nourrisson asphyxié, affamé dans le froid abyssal de l'inconnu et nous fait dépendre des autres pour survivre. Et toute notre vie nous tenterons d'affirmer une identité qui n'existe pas sans les autres, au coeur d'un groupe humain qui ne se connaît pas lui même et se cherche dans ce continuum de solitude-foule pour tenter de vivre en équilibre.Entre les grands rassemblements festifs où l'illusion d'être des milliers de semblables vibrant à l'unisson créent de nouvelles églises et les stages et conseils sur l'art de se retirer du monde pour se trouver soi-même, nous sommes perdus.
Les portraits seraient nombreux, trop pour décrire et incarner toutes les formes de solitudes qui composent notre monde. Il y en a presque une pour chacun, elle est faite de notre identité profonde et de nos fonctions sociales.J'aimerais explorer dans ce nouveau récit ce sujet fondamental : Le sentiment de solitude qui est en chacun de nous et sa confrontation au désir de collectif mais à l'angoisse d'être dévoré, noyé par ce même collectif.
C'est presque un troisième récit épique, volet d'un triptyque "existentialiste". Après celui sur cette course en solitaire au milieu d'un troupeau humain, cherchant autour de son orgueil quelque chose de plus grand que soi (La Tragédie du Dossard 512) et celui de l'homme qui s'est isolé pour fuir qui se réveille pour tenter de conquérir une inaccessible étoile, celle que tous les autres regarderont avec stupeur (Le Sublime Sabotage).
Une nouvelle aventure donc, burlesque, sur la route du Soi.