La peau comme son horizon sensoriel et sensuel. À sa surface, le va-et-vient régulier des vagues : le souffle qui s’élève et s’abaisse, les frissons qui apparaissent comme de légers courants.

Mais sous cette surface familière s’étendent des profondeurs insoupçonnées. Sous la peau, dans les chairs, là sommeillent des fonds marins, vastes et mystérieux, peuplés de créatures mythiques qui sommeillent en attendant leur heure : mémoires enfouies, émotions retenues, histoires non digérées. Les muscles y gardent les traces des tempêtes passées, les fascias enserrent des récits oubliés, et le système nerveux, tel un Poséidon rancunier, oscille entre apaisement et tempête.

Par l’approche somatique, nous apprenons à descendre au-dessous de la surface, à écouter ce qui se murmure dans les abysses. Un geste attentif, une main posée avec lenteur, une présence sans intention deviennent autant de rayons de lumière qui percent les eaux opaques.

Alors les tensions se délient, les courants reprennent leur cours avec douceur, et la mer intérieure retrouve son rythme fluide, sa capacité naturelle à s’équilibrer, à s’ouvrir, à exprimer sa beauté singulière. Corps, Cœur et Conscience communiquent alors ensemble au diapason de l'être.

Deux jours pour traverser les nuances du sensible, nager dans les profondeurs mystérieuses du toucher, voguer sous les tropiques inexplorés et enchanteurs de notre sensorialité.

Le samedi est consacré à établir l’harmonie de groupe, à entrer dans un espace de connexion consciente, qui se veut ancré dans le consentement et à introduire les pratiques qui seront le terrain de jeu de notre exploration du week-end. On se dépose, on respire, on entre en relation. Les pratiques d’embodiement nous ramènent à l’évidence du corps. Les jeux relationnels développent la curiosité et la sécurité au sein du collectif. Nous cultivons notre intimité, notre qualité de présence et notre cohérence de groupe. Peu à peu, le système nerveux évolue de la vigilance à la sécurité, le corps retrouve son tempo naturel, organique et le sensible commence à se faire entendre.

Le dimanche, l’espace bascule progressivement vers une scène cérémonielle, artistique, expérientielle : après une pratique préliminaire, le Temple ouvre ses portes l’après-midi comme un espace de pure émergence. Plus de consignes, plus de structure, mais une forme libre et vivante, portée par la qualité de présence de chacun.e et l’intelligence du corps. On entre dans une expérience où les frontières respirent : entre soi et l’autre, entre silence et mouvement, entre sensualité et sacralité. La trame relationnelle se révèle comme une toile invisible où chaque geste individuel entre en résonance avec la vibration collective.

L'espace du Temple - terrain rituel d’exploration consciente - c’est avant tout une qualité d’être, ensemble, dans un espace non-verbal, dans la résonance et la justesse relationnelle. Une invitation à se laisser toucher par la grâce de ces moments suspendus, cet espace où nos histoires disparaissent pour laisser place à la totalité de l’instant, sa poésie, sa grandeur. Sa puissance transformatrice.

Le toucher devient notre langage : parfois une prière silencieuse, parfois une danse ardente, parfois un murmure qui circule d’un corps à l’autre. Il n’y a rien à atteindre, rien à “performer” : seulement se laisser traverser par ce qui advient, et laisser la magie de la trame opérer. 

Car ensemble nous tissons une trame invisible et pourtant palpable : elle soutient les corps comme une mer gorgée de sel et de vie, elle habite les gestes comme une houle qui se propage énergétiquement, elle connecte chaque sensation à une expérience totale et collective.

La goutte dans la mer et la mer dans la goutte. Ce que tu offres devient flux qui circule dans la trame, ce que tu reçois se propage comme une onde. Dans ce champ relationnel prend forme une conscience organique, mouvante, délicate ; symphonie marine, cosmique, frémissante et chaloupée ; présence bienveillante, guérisseuse, mystique... celle de la Shakti des temps anciens.