La crise sanitaire et sa durée dans le temps ont cristallisé de manière très particulière l’imaginaire de la défiance qui s’est installé dans nos sociétés depuis de nombreuses années. Désormais, on a l’impression que toute nouvelle mesure, toute prise de position et toute parole perçue comme « officielle » est d’emblée discréditée et devient très vite malgré elle un moteur pour la pensée antisystème. Plus que n’importe quel autre aspect, la vaccination est devenue au fil du temps l’objet de défiance par excellence. Comme si tout le conspirationnisme de ces dernières années avait trouvé un point d’orgue dans cette question du vaccin, devenu l’objet de bien des fantasmes et projections.

La tendance massive au commentaire d’actualité nous empêche souvent d’envisager le temps long : Que restera-t-il de cette opposition vaccinale quand la crise du COVID sera derrière nous ? Est-il possible également de refaire la chronologie de cette opposition ? D’où vient-elle, comment s’est déployée et quelles conséquences aura-t-elle dans les prochaines années ? Nous tenterons d’esquisser un état des lieux et une feuille de route pour la suite. Sans angélisme mais sans catastrophisme non plus, les deux étant les enfants de cette défiance qui ne peut rester le seul horizon commun.