Tourné en 1961, Les innocents présente, à première vue, les caractéristiques d'un film de genre : château isolé, ambiance nocturne, apparitions de fantômes. Mais c'est aussi, tout comme le court roman dont il est tiré (Le tour d'écrou d'Henry James, publié en 1898), une oeuvre ambiguë qui se prête à des interprétations opposées. Henry James, dans ses Carnets, a écrit qu'il avait voulu écrire une histoire de fantômes tout à fait classique.
Mais n'a-t-il pas écrit plutôt, à son corps défendant, une sorte de thriller psychologique dont le vrai sujet est la folie de son personnage principal ? Le film de Jack Clayton livre une transposition visuelle de cette ambiguïté. Il amène à s'interroger sur ce qu'il convient d'appeler au juste le fantastique et sur la question de savoir si une interprétation (ou une adaptation) peut se permettre d'aller contre les intentions affichées de l'auteur que l'on aborde.