L’IA générative a jeté un trouble dans la société : voilà des dispositifs techniques qui produisent des artefacts (textes, images, animations, musiques) qui (du moins pour un regard furtif) sont difficiles voire impossibles à distinguer des produits de l’ingénuité humaine. Autrement dit, la machine produit quelque chose que, intuitivement, elle ne devrait pas être capable de faire. Le fait que les explications techniques ne sont pas à même de rendre tangible les processus par lesquels ces systèmes arrivent à produire de tels résultats ajoute encore au trouble ; difficile, donc, de ne pas anthropomorphiser les systèmes génératifs, de ne pas y projeter de la compréhension, de l’intentionnalité communicative, voire de la créativité.
La présentation analysera d’abord différentes approches à l’analyse de la créativité, d’un côté les approches psycho-phénoménologiques (Merleau-Ponty, Micheal Polanyi, Daniel Stern, entre autres), puis les définitions plus récentes émanant des creativity studies, qui, au lieu de partir du vécu individuel de la créativité, définissent celle-ci à partir des qualités d’un résultat donné, en favorisant une approche plus positiviste. Dans un deuxième temps, nous allons nous intéresser au fonctionnement, mais aussi aux limites inhérentes (parfois étonnantes) des systèmes génératifs, et nous aborderons la question de la validité d’une présumée ‘créativité de la machine’. Enfin nous regarderons l’évolution de la créativité humaine sous l’impact des technologies numériques, puis de l’IA générative émergente. En effet, on peut constater que malgré leur côté inattendu et parfois spectaculaire, les systèmes génératifs s’inscrivent dans une évolution qui a débuté dans les années 1980 avec l’émergence de l’informatique graphique. La ‘révolution de l’IA’ (si tant est qu’il s’agit d’une révolution) ne réside en effet pas tant dans la nature et la qualité des résultats qu’elle permet de générer, mais dans la facilité et la nature des méthodes employées. La question – sans réponse pour l’instant – est de savoir de quelle manière la créativité humaine évoluera face à une technologie de plus en plus autonome qui, on peut l’espérer, n’enlèvera pas aux êtres humains leur envie de créer.
Intervenant: Andreas Pfeiffer
Informations pratiques :
- Evénement sur inscription obligatoire, en présentiel uniquement
- Accueil au 74 rue de Vaugirard, Paris 6e – Salle P31
- Contact : recherche@icp.fr