Le colloque "Juger les vivants et les morts" se tient les 5 et 6 décembre 2025.
Une rencontre interdisciplinaire autour du jugement, croisant le Droit, le Droit canonique, l’Histoire, la Sociologie et la Théologie.
Cet événement est organisé par le comité scientifique de la Faculté de Droit canonique de l'ICP :
- M. le Professeur Ludovic Danto (Faculté de droit canonique, ICP),
- Mme Cécile Thépot-Olagne, maître de conférences (Faculté de droit canonique, ICP)
- M. Sébastien Milazzo, maître de conférences (Faculté de théologie catholique, Université de Strasbourg)
La révélation, après leur mort, de faits répréhensibles commis de leur vivant par des personnes aujourd’hui décédées interroge notre sens de la justice. Alors que le décès éteint toutes poursuites pénales, quelles sont les voies possibles pour établir la vérité et réparer les dommages ? La mort libère-t-elle de toute obligation de rendre des comptes et de la possibilité d’être sanctionné ?
Le premier temps de la réflexion de ce colloque sera consacré au travail humain de la justice dans de telles circonstances. Quels sont les outils et les limites des institutions judiciaires qu’elles soient étatiques ou bien canoniques ? Tant le décès que l’écoulement du temps influent sur la possibilité d’établir la réalité des faits, facilitant parfois celle-ci ou au contraire la limitant, en raison de la perte des éléments de preuve et de la prescription. La réparation des victimes impose certainement de dépasser les limites traditionnelles des institutions judiciaires et de réfléchir à d’autres voies complémentaires d’ordre matériel, financier, psychologique ou spirituel.
Or dans une perspective chrétienne, la mort ne signe pas la fin de l’existence humaine et le jugement des morts, comme celui des vivants, est un article de foi tenu par le Credo : « Je crois en un seul Seigneur Jésus-Christ (…) [qui] reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts» (Symbole de Nicée- Constantinople).
Le second temps de notre réflexion sera ainsi dévolu au jugement de Dieu, tel que le reçoit la théologie catholique. Seront ainsi étudiées les hypothèses dans lesquelles l’Eglise catholique se fait l’instrument de la justice de Dieu. Tel est le cas de la pratique des indulgences ou bien des procès en béatification et en canonisation. Pour ceux-ci la mort est précisément une condition d’ouverture de la procédure. Se posent enfin la question de la justice immanente de Dieu, à savoir le lien entre une mauvaise action et une sanction à plus ou moins long terme, et ultimement la question du jugement dernier et de ses conséquences.
Ce colloque se propose ainsi de contribuer, suivant une approche pluridisciplinaire, à la réflexion sur la justice et en particulier la justice dans l’Église.